Ada, c’est un petit bout de femme née en Alaska en 1898. Au contact des missionnaires américains, la jeune Iñupiat étudie la Bible et l’anglais, apprend à coudre et à cuisiner à la mode américaine. Mais de son mariage avec Jack Blackjack, il ne lui reste vite qu’un petit garçon. Pour gagner un peu d’argent, elle part en 1921 comme « petite main » — entendez comme bonne à tout faire — avec quatre jeunes gars pas très sérieux pour une destination pas vraiment paradisiaque : l’île Wrangel, au nord du nord. Quelque part entre l’Amérique et la Russie, qui d’ailleurs se la disputent. Cherchez donc un peu sur une carte et essayez de prononcer « mer des Tchouktches » ! De catastrophes en maladies, deux hivers se passent. Ada se retrouve seule. Il va lui falloir apprendre à chasser, à se protéger du froid et des ours, vite, très vite. Apprendre aussi à espérer. Enfin, en août 1923, un bateau vient la secourir.
Vous me direz que cette histoire vraie est franchement terrifiante pour de jeunes lecteurs sensibles. Eh bien, non ! La narration, très factuelle, ne porte pas à l’exagération : « Le jour se leva enfin, ce fut l’été. Monsieur Stefansson ne vint pas les chercher. » Deux courtes phrases, modèle de sobriété, sur l’horizon d’une page bleu océan.
Qui saura compter le nombre de moufles et de chaussettes de l’expédition ? Le tableau du matériel embarqué apporte une touche d’humour bienvenue, qui n’enlève rien à l’immense respect que l’on ressent à découvrir le destin d’Ada. Le récit, porté par les superbes illustrations de Lucile Birba, enchantera les aventuriers en herbe. Il montre aussi, sans grandes phrases, ce que sont le courage, la ténacité et le dévouement.
Dès 7 ans
Alexis Jenni, Celle qui savait se débrouiller toute seule, illustrations de Lucile Birba, Paulsen, 2024, 48 p., 18 € — Imprimé en Italie