Pourquoi réunir dans un même album Dracula, le capitaine Crochet, la Méduse ou le Loup du Petit Chaperon rouge ? Les parents du Petit Poucet, Barbe-Bleue et la Reine de cœur ? Parce qu’ils sont méchants, très méchants. Parce que, comme l’explique Sophie van der Linden dans la préface, sans méchant, il n’y aurait pas d’histoire. En tout cas, pas de littérature. Peut-être, ajoute-t-elle, parce que, « en les admirant secrètement, nous projetons sur eux un peu de nos instincts inavouables ». Sous la plume de Marie Desplechin, chaque personnage tente de se justifier, avec des arguments d’une roublardise jubilatoire. Et surtout dans un français drôle et dynamique, parfois truculent, ce qui nous change des textes rédigés à la va-vite ou traduits par des automates. Elsa Oriol se révèle une portraitiste hors pair pour donner regard et sourire – glaçant !-, pleine page, à ces grands méchants de notre littérature.
Dès 10 ans
Marie Desplechin, Les Grands Méchants, illustrations d’Elsa Oriol, Kaleidoscope, 2024, 40 p., 17 €