« A la vue de l’écrivain égaré, le vacarme cesse et tous les enfants se tournent vers lui, comme une petite armée, attendant un geste de leur maître pour donner l’assaut.
“Je cherchais la sortie du souterrain… Je m’appelle Fiodor…”, bredouille Dostoïevski.
“Et moi, Nikolaï Stavroguine”, répond d’une voix caressante l’ombre sur le trône, qui s’avère être un homme vêtu de noir. »
Cela ne vous fait pas dresser les poils sur les bras ? Un personnage de roman qui s’adresse à son auteur, déjà bien perturbé, brrr… Car avant cet épisode, Marguerite Souchon a conté comment Dostoïevski a subi un simulacre d’exécution, puis a été envoyé au bagne, dont il tente de s’échapper par ce fameux souterrain. Et que Stavroguine ne va-t-il pas demander à son auteur pour lui permettre de recouvrer sa liberté ? Mais il faut bien en passer par cet épisode terrifiant pour, littéralement, revivre quand arrive « un homme de haute taille, aux cheveux flottant sur une sorte de manteau de pèlerin. Nul ne l’a jamais vu, et pourtant tous le reconnaissent ». Un homme qui va opérer un miracle. Le peintre François-Xavier de Boissoudy soutient ce récit à bout de bras – on serait tenté de dire « à bout de pinceaux » : des lavis plus sombres que la nuit alternent avec d’autres, vibrants d’un brasier intérieur dont on se demande jusqu’où on peut l’approcher sans crainte de se brûler… Difficile de pousser plus loin la réflexion sur le bien, le mal, la liberté, la foi et le pardon.
Pour adolescents « solides »
Marguerite Souchon, Comment Dostoïevski fut sauvé, illustrations de François-Xavier de Boissoudy, Les Petits Platons, 2023, 64 p., 16 € — Imprimé en République Tchèque