Jules et Armand « tentèrent de déchiffrer l’affiche malgré la bousculade. Au sommet, les mentions Armée de terre, armée de mer, ordre de mobilisation générale en lettres capitales, suivies de deux drapeaux français entrecroisés saisissaient le cœur d’emblée, comme un mauvais présage. […]
— Ça veut dire que…
— Oui, Jules, ça veut dire que nos pères en font partie, déclara Armand, tel un automate.
— Mais pourtant il m’avait dit que…
— Je sais, il m’avait dit la même chose. »
Jules et Armand, 13 ans, ont bien du ma à admettre que leurs pères ont cherché à les protéger en ne leur parlant pas de cet ordre de mobilisation du 3 août 1914. Alors, quand Armand voit partir son père, sa vie bascule. Passé la révolte et la sidération, il faut trouver du travail, survivre. Février 1916 : Léopold, le père d’Armand est porté disparu. Armand, trichant sur son âge, rejoint alors le front…
Surveillé de près par les soldats, après avoir vécu la vie des tranchées, il va être dirigé vers un hôpital où il rendra mille services. Et comme l’auteur préfère nous faire verses des larmes d’émotion plutôt que des larmes de deuil, je vais vous dévoiler un peu la fin – disparu ne veut pas dire mort… mais silence, ne dérangeons pas les grands blessés…
Peggy Boudeville mêle avec une grande finesse les révoltes des adolescents, les incompréhensions légitimes devant ce conflit, les grands moments de courage et de volonté, la bienveillance des adultes et l’éveil des sentiments amoureux : même si Armand a dû renoncer à sa sortie à Luna Park, nous, nous sommes bel et bien embarqués dans des montagnes russes émotionnelles.
Dès 12 ans
Peggy Boudeville, Disparu sur le front, Fleurus, 2022, 208 p., 14,95 € — Imprimé en Italie