« Être page et nous suivre en Terre sainte. Y songes-tu sérieusement, Jehan Picou ?
— Oh ! Dame oui, j’y songe, autant qu’à me croiser pour battre les Sarrazins. »
Jehan Picou, notre héros, trouve bien long son apprentissage d’enlumineur dans l’atelier paternel, à l’ombre de Notre-Dame de Paris. Or, une croisade se prépare, menée par le bon roi Louis IX et ses vassaux, dont le sire de Joinville, sénéchal de Champagne. Après les rues encombrées du vieux Paris, voilà la Champagne puis une longue route jusqu’à Aigues-Mortes, où il embarque pour Chypre et, enfin, l’Égypte et la Syrie. Nicolas l’escholier, Benoit le contemplatif, Bertrand le chevalier et Tou Mia la petite Égyptienne, sans oublier notre bonne reine Marguerite, accompagnent le jeune adolescent au fil des étapes – puis lors d’émouvantes retrouvailles, car Jehan, au retour de ce voyage initiatique, aura la chance de retrouver ses couleurs et ses pinceaux. Le roman est d’ailleurs plus axé sur les souffrances, maladies, blessures et famines supportées, et sur la nostalgie dont souffre le héros, que sur le récit d’actions belliqueuses tonitruantes.
Dans un très astucieux jeu de miroir, Léone Mahler s’est inspirée de la Vie de Saint Louis de Joinville, et surtout du récit qu’il fit de la septième croisade (1248–1254). Les manuscrits les plus précieux en furent bien sûr enluminés – par de dignes compagnons de notre Jehan Picou. Voyez la couverture du livre ! Le texte de ce roman (publié en 1947) est parfois un peu vieilli mais l’enthousiasme ne faiblit pas à la lecture de tant d’aventures.
Dès 10 ans
Léone Mahler, L’imagier de la Reine, avec une préface de Brigitte Lundi, Editions Bulle d’Or, 2021, 146 p., 11 € — Imprimé en Navarre (Espagne).