Chaudement habillés, nous entrons sous le couvert des bois… Sur le sol gelé se devinent les traces d’un renard. D’une renarde, plutôt, en chasse pour nourrir ses renardeaux. Les voici, le printemps venu, qui sortent du terrier et jouent à croquer des papillons. Une nuit, ils suivent enfin leur mère à la chasse. Et là, c’est le drame. « La renarde est aveuglée par les phares. La voiture freine… Trop tard. La renarde est projetée… dans un méli-mélo d’herbes écrasées. La renarde se roule en boule, le rythme de son cœur ralentit, son dernier souffle est suspendu dans l’air. » Et nos trois orphelins de regagner leur tanière. Pourtant, le récit ne fait que commencer. Au fil des jours, très naturellement, « la renarde commence à s’estomper » — et même si le mot est poétique, la réalité décrite est strictement biologique. Parce que, « si la mort est la fin d’une vie », « la fin d’une histoire », elle est aussi « un renouveau, le début d’une vie pleine d’espoir », car la dépouille de la renarde va nourrir d’autres animaux, explique l’auteur. L’album se termine par une double page documentaire qui aborde la disparition comme un phénomène naturel avec des mots simples et sensibles. Je ne suis pas assez férue de philo pour faire un rapprochement avec les écoles bouddhistes ou avec les atomistes grecs, mais il y a de cela dans cet album, servi par de superbes illustrations. A conseiller après la disparition d’un animal de compagnie, pas forcément pour aider au deuil d’un proche.
Dès 7 ans
Isabel Thomas, Renarde, illustrations de Daniel Egnéus, Editions Quatre Fleuves, 2021, 48 p., 12,90 € — Traduit de l’anglais. Imprimé en Chine.