Hiver 1945. Quatre personnages, quatre destins, une obsession : fuir la guerre. Marcher vers l’ouest. Ne pas mourir. Ni de faim, ni de froid, ni de ses blessures. Survivre. Avancer. Joana, une jeune infirmière, a fui la Lituanie – mais porte un lourd secret. Florian, le Prussien, semble utiliser ses talents de faussaire pour échapper au pire. Emilia, la Polonaise, n’a pas échappé au pire – et porte un enfant d’un soldat russe. Quant à Alfred, personne ne le prend au sérieux, surtout quand il se veut un parfait Hitlerjugend, car sa prétention n’a d’égale que sa frousse. Autour d’eux gravitent des personnages aussi étranges qu’un vieux cordonnier, un Petit Garçon Perdu, une Géante, une aveugle. Au fil des kilomètres, seuls ou en convoi, ils s’approchent de la Baltique. Le bruit court qu’un immense paquebot les conduira vers la liberté. Le Wilhelm Gustloff. Quand ils embarquent enfin, le 30 janvier 1945, ils ne savent pas encore que trois torpilles russes vont couler le navire. Fait de guerre, ou crime de guerre ? Des 10 050 passagers, dont 4000 enfants et adolescents, seuls 996 seront sauvés – et personne ne s’accorde sur les chiffres exacts de cette catastrophe. Pour narrer ce long cheminement vers un si terrible destin, Ruta Sepetys a choisi de ne rien édulcorer et s’est appuyée sur une énorme documentation. Je conseille donc aux parents de lire ce superbe roman avant de le confier à leurs grands adolescents, et d’en parler avec eux.
Il y a 75 ans cette année. N’oublions jamais.
Grands adolescents et adultes
Ruta Sepetys, Le sel de nos larmes, Gallimard Jeunesse, 2016, 496 p., 16,50 € — en Coll “Pôle fiction”, 8,65 €.