« — D’habitude, on va à Miami Beach.
— C’est marrant, a‑t-elle dit, tu ne devineras jamais qui j’ai rencontré sur l’autoroute. Johnny.
— Johnny Depp ?
— Oui.
Ses yeux se sont ouverts en grand, elle a laissé tomber sa bassine et ses bols.
— Me dis pas que…
— J’ai fait oui de la tête très lentement en fermant les yeux.
— C’est mon père. Je m’appelle Titus Depp. »
Dialogue surréaliste s’il en est de deux minots d’une dizaine d’années : Titus, qui vient à la mer pour la première fois, et dont le père gagne des concours de sosie (de qui ? vous l’avez deviné). Et Bérénice, dont la vie est « plate comme un trottoir » et qui vient, comme tous les ans, dans ce même camping, bien tranquille, du bassin d’Arcachon. Et qui s’invente, elle, un grand-père pirate. Rien de tel pour débuter une chasse au trésor entre la plage, les rochers et les tentes.
Pascal Ruter ne fait pas dans la dentelle : les enfants apprécieront ses blagues « carambar », ses coquillages pas frais (et leurs conséquences), ses situations cocasses dans des lieux assez peu poétiques — qui n’a jamais fait la queue devant les toilettes d’un camping ne comprendra pas certaines allusions, mais tant pis. Tout cela n’empêche pas les petits cœurs de battre la chamade, l’un jouant de ses muscles (bien maigrichons), et l’autre jouant de ses yeux « bleu trois quart avec un peu de gris moyen sur les bords ». Quant aux parents… eux aussi se détendent, chacun à sa façon.
Ce sont les vacances, on se lâche un peu et on rit de bon cœur avec Titus et Bérénice, cousins du Petit Nicolas et de la famille des Jean Quelque-Chose – mais versant Groseille plus que Le Quesnoy.
Dès 9 ans
Pascal Ruter, La Tente d’en face, illustrations de Marie Leghima, Didier Jeunesse, 2018, 128 p., 10,30 €