« L’Odyssée et l’Iliade ruissellent de photons. Les Grecs ont toujours voué un culte à la lumière. Pour son malheur, Achille devient une ombre. Sortir du soleil constitue le plus funeste destin. On ne plaisante pas avec l’astre. La lumière inonde la vie, réjouit le monde. »
Perché pendant quelques semaines sur quelque rocher solitaire des Cyclades, Sylvain Tesson s’est « posé », le temps de relire « l’Iliade et l’Odyssée à la lueur d’une ampoule alimentée par un générateur ». Une belle manière de se régénérer et de nous inviter à semblable cure de jouvence, dans l’écume et le vent ! En de brefs textes ciselés, illustrés de citations célèbres ou moins connues, il tisse et brode sur cette toile toujours recommencée qui nous raconte notre plus ancienne mémoire : dieux, hommes et héros y vivent, acceptant le sort tissé par les Parques, une chanson à la bouche. Citant les grands hellénistes – Romilly, Veyne, Vernant – mais sans pédanterie, il propose des allers et retours fort pertinents avec notre « siècle XXI », celui de l’abondance, de la démesure et de l’immédiateté. Une belle invitation aussi à renouer avec le paganisme, qui « consisterait à se tenir devant le spectacle du monde et à l’accueillir sans rien espérer », un « monde de splendeurs et de dangers ». Parce que, dans « un pétillement de calanque », « les Grecs nous renseignent sur ce que nous ne sommes pas encore devenus » : c’est là tout le miracle antique, cette « incomparable familiarité » avec ces « vers à la jeunesse immortelle ».
Ce volume reprend, sous une forme plus littéraire, la série d’émissions diffusées pendant l’été 2017 sur France Inter et permet de revenir sur les plus belles intuitions de Sylvain Tesson, très inspiré par la lecture d’Homère.
Adolescents, adultes
- Sylvain Tesson, Un été avec Homère, Editions des Equateurs / France Inter, 2018, 252 p., 14,50 €
- Pour l’Odyssée : traduction de Philippe Jaccottet, Ed La Découverte, 1982 – poche 2004.
- Pour l’Iliade : traduction de Philippe Brunet, Ed du Seuil, 2010, Points, 2012