« Tout était désert et silencieux. Le chef resta seul pendant que les quatre autres revenaient en arrière pour faire le guet. Alors prenant son bout de craie au fond de sa profonde, haussé sur ses orteils aussi haut que possible, Lebrac inscrivit sur le lourd panneau de chêne culotté et noirci qui fermait le saint lieu, cette inscription lapidaire qui devait faire scandale le lendemain, à l’heure de la messe, beaucoup plus par sa crudité héroïque et provocante que par son orthographe fantaisiste :
Tou lé Velrant çon dé paigne ku !
Et quand il se fut, pour ainsi dire, collé les quinquets sur le bois pour voir “si ça avait bien marqué”, il revint près des quatre complices aux écoutes et, à voix basse et joyeusement, leur dit :
– Filons !
[…] ils regagnèrent Longeverne et leur domicile respectif en attendant avec confiance l’effet de leur déclaration de guerre. »
Lire ou relire cette Guerre des boutons, avec son vocabulaire cru, ses refrains, ses festins et… ses punitions décomplexées d’adultes à qui on ne la fait pas, quelle belle façon de fêter la rentrée des classes pour nos collégiens qui y découvriront ce que vivre veut dire ! Les illustrations de Vanessa Hié, cela tombe bien, sont peintes sur un support de papiers de récupération, déchirés, découpés, grattouillés, collés, repeints…, bref, à base de bouts de ficelle – mais où sont donc passés les boutons ?
Dès 12 ans
Louis Pergaud, La Guerre des boutons, roman de ma douzième année, Editions Gründ, 2011, 288 p., 9,95 €. Illustrations de Vanessa Hié. Texte intégral. Imprimé en France.