Chaque printemps, dans bien des montagnes — quand les fleurs se font belles, « il est temps de partir à l’alpage ». C’est la transhumance qui, en Suisse et dans les vallées frontalières, se nomme la poya. Quel cérémonial ! Autour du cou des colliers brodés auxquels sont accrochées les plus grosses sonnailles, des fleurs sur le front, dans une impeccable file indienne, les vaches montent, montent et montent encore, zig-zag, zig-zag… Elles sont accompagnées de quelques mules pour les bagages, de quelques chiens et surtout, des vachers, les armaillis, coiffés de leur drôle de bonnet rond. Un joyeux petit bonhomme monte pour la première fois et nous raconte les péripéties de cette poya. Il est un peu inquiet de quitter Maman et le village… Les pieds lui chauffent… Voulez-vous savoir la longueur du chemin ? Je ne vous dirai que celle des 17 pages qui se déplient en un long accordéon – elle est d’environ 2,70 m ! Au revers de cette première face, les trois mois passés à faire le fromage, ponctués de la musique des cors, de la visite de quelques chamois – et de beaux rêves. Puis vient la désalpe – tiens, « ma chemise est un peu courte ce matin ! ». Les dessins, inspirés des poyas peintes devant certaines maisons suisses, sont charmants, vifs et colorés, très actuels dans leur attachement à la tradition. Car la poya, en Suisse, est une « tradition vivante » répertoriée comme telle. A lire en écoutant, au choix, le très émouvant « Adyu mon bi payi » ou le célébrissime « Ranz des vaches » pour trois cors des Alpes.
Dès 6 ans – ou avant de partir pour une belle randonnée
Fanny Dreyer, La Poya, La Joie de Lire, 2017, 34 pages en accordéon, 18 €