« — Grand-mère ! s’écrie Camille. Vous n’avez pas mis le feu !
— Ça, juge Madeleine d’un air sérieux, ce serait une très grosse sottise.
— Oh non, ce n’est pas moi.
— Qui a mis le feu ? demande Madeleine, sourcils froncés.
— Mon père.
— Il a brûlé votre maison ?
— Oui. Et beaucoup plus que ça. Il a brûlé toute une ville, la ville de Moscou. Une cité glorieuse, magnifique.
Un silence interloqué plane dans la chambre de la comtesse. »
Interloqués, nous le sommes aussi, tout comme nous sommes pris par le récit que Lorris Murail met dans la bouche de la comtesse de Ségur. Un récit fidèle à l’histoire, qui voit Sophie Rostopchine, fille du gouverneur de Moscou, fuir, un beau jour de septembre 1812, avec sa mère et sa sœur jusqu’à Iaroslav. Par bribes, les deux adolescentes apprennent la terrible vérité : pour ne rien laisser à la Grande Armée menée par Napoléon, le comte Fiodor Rostopchine a fait allumer un immense brasier – Moscou ne sera plus jamais la même…
Le roman est bien mené et évite, ce qui n’était pas évident, de tomber dans les écueils d’une psychanalyse de bazar. Les dernières pages font le portrait littéraire de la célèbre grand-mère de Camille et de Madeleine, en la replaçant dans son époque – une époque parfois violente mais aussi pleine de bons sentiments, surtout quand il s’agit de littérature jeunesse.
Dès 10 ans
Lorris Murail, Quand la comtesse de Ségur vit brûler Moscou, Scrineo, 2015, 144 p., 8,80 €