« Les deux épisodes qui ont choqué votre correcteur sont ‘historiques’, avec la variante que ce n’était pas une belle-mère mais une mère qui élevait ainsi sa fille et que j’aurais pu en citer d’autres plus cruels encore. Je renvoie donc à l’impression l’épreuve, revue, endommagée et diminuée et j’attends les suivantes dans l’humble attitude d’un ballon crevé. » Cet auteur indigné, qui envoie cette missive à son éditeur – Hachette, rien de moins – en mars 1858 n’est autre que la Comtesse de Ségur, née Rostopchine. La fameuse abominable belle-mère, c’est bien entendu Mme Fichini, la marâtre absolue.
Marie-Joséphine Strich raconte ici avec beaucoup de brio la vie fascinante de Sophie de Ségur, dont l’activité tardive d’écrivain a occulté une existence des plus romanesques. Nous la suivons d’abord dans la Russie de 1799 à 1817 ; puis à Paris, où la jeune Sophie épouse un neveu de l’aide de camp de Napoléon ; enfin aux Nouettes, son domaine normand, où viendront s’ébattre des fillettes prénommées Camille, Madeleine et Marguerite. Grand-mère en dentelles ou femme moderne ? A coup sûr un véritable écrivain, pionnière de la littérature de jeunesse.
Pour adultes
Marie-Joséphine Strich, La Comtesse de Ségur : un destin romanesque, Via Romana, 2015, 134 p., 16 €