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Jean-Philippe Arrou-Vignod, Mimsy Pocket et les enfants sans nom

Jean-Philippe Arrou-Vignod, Mimsy Pocket et les enfants sans nom

« — Bouge pas, moineau. Ne nous oblige pas à te faire du mal, grogna encore le chef, faisant tourner sa canne entre ses doigts gantés. Suis-nous sans résistance et tout ira bien.
— N’avancez pas, prévint-elle. Sinon…
L’homme-loup eu une sorte de gloussement amusé. Il n’avait qu’un pas à faire, lui si fort et si grand, pour écraser du poing cette minuscule créature, et elle osait le menacer ?
Le coup de pied lui faucha la rotule. Poussant un rugissement de douleur, il plongea sur elle. Mais la gamine, vive comme l’éclair, s’était jetée en arrière. »
La gamine en question, c’est Mimsy, dite Mimsy Pocket, enfant perdue, une sorte de petite sœur d’Oliver Twist, à qui elle emprunte les codes de survie des rues sombres de la Ville Basse.
A des kilomètres de là, un train de luxe traverse un paysage de neige. A son bord, le jeune prince de Sillyrie, Nikklas, accompagné de Magnus Million, le très riche et influent ami de Mimsy (voir « Magnus Million et le dortoir des cauchemars »). Sur ce versant du roman, nous sommes plutôt en Syldavie ou dans le Jules Verne d’« Un drame en Livonie » : faux moine, colonel à monocle et traîtres en fourrure à tous les étages ! Sans oublier les nomades Tirghiz, leur chaman et leur cerf tutélaire…
Et pourtant, malgré – plutôt à cause de – tous ces emprunts, le roman de Jean-Philippe Arrou-Vignod captive de bout en bout : aventures fantastiques, complot politique, apprentissage de la vie, quête identitaire, tout y est, dans une langue dont la verdeur ne s’embarrasse pas de fioritures pour aller droit au but. Frissons garantis.

Dès 11 ans

Jean-Philippe Arrou-Vignod, Mimsy Pocket et les enfants sans nom, Gallimard Jeunesse, 2015, 336 p., 14,90 €