Une édition de plus de l’Odyssée – oui, et particulièrement réussie.
L’avant-propos du dessinateur de BD Mathieu Lauffray donne ne ton : « Aujourd’hui, il semble que l’individu d’élite aiguise son héroïsme précisément à ne plus rien assumer, à séduire plutôt qu’à faire, à tromper plutôt qu’à progresser. Peut-être est-ce justement le bon moment pour se remettre en mémoire ces fameuses conséquences que l’on cherche tous à oublier. » Et de rappeler le combat éternel que se livrent « le courage, la pugnacité, la lâcheté, l’orgueil, l’avidité ».
Cette nouvelle édition réunit donc les passages les plus célèbres de l’Odyssée, dans une traduction de 1819, due à Charles-François Lebrun (1739 – 1824). Cet érudit fut aussi, et surtout, un « révolutionnaire modéré », devint troisième consul, servit Napoléon et finit pair de France.
Cela nous mène loin du monde de la bande dessinée, dont sont issus les trois illustrateurs de cette Odyssée : Anthony Jean, Mickaël Bourgouin et Yann Tisseron interprètent les plus célèbres passages de l’épopée, dans des formats « pleine page » qui laissent toute la place à leur sensibilité.
Alors, oui, une nouvelle fois, « Muse, chante cet homme souple, divers, fécond eu ruses et en stratagèmes, qui, après avoir renversé les murs sacrés de Troie, erra longtemps, vit des peuples nombreux, et connut leurs esprits, leurs mœurs et leurs lois ».
Dès 12 ans
L’Odyssée d’Homère, illustrée par Anthony Jean, Mickaël Bourgouin et Yann Tisseron, Glénat, coll. « Labyrinthe », 2014, 184 p., 35 €.