« — C’est une bonne bruine.
Quelqu’un venait de parler à Mary. Mais elle ne voyait personne. Elle était seule dans la rue, devant sa maison.
C’est alors qu’elle aperçut la femme.
Elle avait dû être cachée par les arbres, pensa Mary.
La femme était vieille. Mais en fait, pas tant que ça. Mary savait ce qui la faisait paraître vieille. Elle était démodée. […].
— Fais une petite chose pour moi, Mary.
Mary se retourna.
— Dis à ta grand-mère que tout va bien se passer. »
Une grand-mère qui s’éteint doucement dans un hôpital de Dublin, veillée par sa petite-fille et sa fille, Scarlett.
Remontons bien cet arbre généalogique : Mary, 13 ans ; Scarlett, sa mère ; Emer, sa grand-mère. Trois femmes. Et un fantôme : Tansey, l’arrière-grand-mère de Mary, morte trop jeune de la grippe, et qui n’a pas renoncé à veiller sur sa fille, cette Emer aujourd’hui moribonde, à qui elle veut tenir la main une dernière fois. Mais comme les néons de l’hôpital ne sont guère propices aux fantômes, même irlandais, ces quatre femmes vont quitter la ville, remonter la route du temps et tenter de retrouver la ferme de famille – ou ce qu’il en reste. En se témoignant sans cesse, à petites touches, l’amour qui les unit ;
Une très belle réflexion sur la mort, les racines, la transmission, la place unique des femmes dans la lignée, dans un roman qui n’exclut pas des passages drôles voire cocasses.
Adolescents
Roddy Doyle, 3 femmes et un fantôme, Flammarion, 2013, 210 p., 11 €