« Comme chaque matin, les deux frères attendirent que Papiria frappât le pied de l’échelle à l’aide de son bâton pour marquer le début de la journée de travail. Lorsqu’elle le fit, tous les commis s’extirpèrent des différentes soupentes, le cheveu en bataille, la tunique froissée, les paupières fripées. Après s’être débarbouillés, ils s’installèrent un à un sur des bancs et dévorèrent des fouaces arrosées d’huile d’olive et recouvertes de fromage de chèvre, se passant la cruche de lait. » Un petit déjeuner traditionnel dans cette Pompéi de la 9e année du règne de Vespasien – pour nous, en l’an 78 après Jésus-Christ. Les deux frères, ce sont Julius, le héros du roman, « ramasseur d’amphores de pipi » de son état, et son frère aîné Beryllus, un simple d’esprit touchant d’affection, aux innombrables bêtises. Les deux adolescents vont mener le lecteur à la découverte de la vie quotidienne des Pompéiens, dont le train-train est bousculé par une campagne électorale et par les jeux du cirque. Une ville où les solidarités de voisinage ne sont pas un vain mot.
L’auteur a suivi rue par rue le plan de la ville, recopié les graffiti inscrits sur les murs, retrouvé les recettes de cuisine et les parfums, reconstitué l’itinéraire des lions et des éléphants livrés pour les jeux… Elle a aussi exploré les manuels de médecine romaine et fait appel à quelques grands auteurs, tels Pline ou Sénèque – ce qui permet d’ouvrir une réflexion sur l’esclavage et la liberté, la mansuétude et le destin. Elle évoque aussi le culte d’Isis, qui s’ajoute à celui des vieux dieux romains, et les tout premiers chrétiens.
Chaque détail est vrai – et si les personnages sont inventés, ils sont si vivants et crédibles que l’on s’attend à les croiser dans les ruines de cette ville détruite il y a près de deux mille ans par la colère du Vésuve.
A partir de 12 ans
Anne Pouget, Les derniers jeux de Pompéi – édition brochée, Casterman, 2011, 319 p., 13 € – édition de poche, Casterman, 2013, 378 p., 7,50 € – disponible sur Kindle, 4,49 €