« En me réveillant ce matin, j’ai eu envie que mon grand-père soit encore vivant. Il serait devenu un ours. Ensemble, on aurait attendu le printemps en hibernant près de la cheminée. Maman dit que les morts hibernent beaucoup plus longtemps que les vivants. Ça ne fait rien, nous attendrons. »
Au cœur de l’hiver – ou ayant l’hiver au cœur ? — la fillette part à la recherche du printemps. Une menotte dans la grosse patte de son « grand-père devenu ours ». Descendus sous terre, ils rencontrent la taupe. Grand-Père, ayant croqué une graine, s’endort. La fillette rentre à la maison, les yeux pleins de neige fondue. Au printemps, Grand-Père « sera devenu un arbre au milieu de la prairie ». Ça a l’air simple comme ça, mais il ne faut pas s’y fier…
Ce conte païen emprunte notamment aux mythes antiques sur les saisons, la fertilité et l’éternel retour. Cet ours tutélaire trouve des échos dans les mythologies européennes, tant grecque que romaine, celte, germanique et scandinave – et pour ainsi dire dans tout l’hémisphère nord. « Roi des animaux », l’ours est aussi l’ancêtre de l’homme – dans les Pyrénées, il est « lou Moussu », le Monsieur. Bien loin, en tout cas, d’un bisounours de feuilleton. Ce qu’a bien compris cette jeune émule d’Artémis !
Dès 5 ans
Alex Cousseau, Mon grand-père devenu ours, illustrations de Nathalie Choux, Sarbacane, 2012, 32 p., 14,90 €