« Il était une fois un Roi,
Le plus grand qui fût sur la Terre,
Aimable en Paix, terrible en Guerre »
La rime est simple, mais ô combien efficace ! Car ce Roi magnifique, éperdu de chagrin après la mort de sa chère épouse, sombre dans une bien funeste folie : il souhaite épouser la princesse sa fille.
« De mille chagrins l’âme pleine,
Elle alla trouver sa Marraine,
Loin, dans une grotte à l’écart
De Nacre et de Corail richement étoffée.
C’était une admirable Fée »
Robe couleur du temps, robe couleur de Lune, robe solaire – jusqu’à la peau de l’âne aux crottins d’or, rien n’y fait. La suite est connue : cachée sous la peau, la princesse se fait souillon ; un Prince charmant la découvre et, par divers stratagèmes, dont celui de l’anneau caché dans un « friand morceau », finit par l’épouser, sous le regard attendri du Roi Papa, « purifié [des] feux / Dont son âme était embrasée ».
Voici un album qui déroutera quelque peu, mais qui est d’une rare intelligence : l’éditeur a fait le pari de reprendre le texte intégral de Peau d’Âne, celui de 1694, juste remis en français moderne – du XIXe siècle. Une manière de prendre des distances avec ce conte fondateur, venu du fond des âges. Car, comme le rappelle Perrault,
« il est des temps et des lieux
Où le grave et le sérieux
Ne valent pas d’agréables sornettes ».
Dès 10 ans
Charles Perrault, Peau d’Âne, illustrations de Jean Claverie, Albin Michel Jeunesse, 2012, 48 p., 11,99 €