On dit qu’Homère était aveugle… On le dit… mais on ignore tout de son existence. C’est dans cette brèche que Bruno Maurer a trouvé son miel, un bon miel de l’Hymette au goût de thym – et d’aventures. Mêlant avec astuce l’histoire, le mythe, la littérature et sa propre intuition, il laisse parler Homère, le « premier des poètes », de son enfance insouciante au terrible drame qui lui vaut sa cécité. Intercalés dans ce récit « pseudo-auto-biographique », les chants du « dernier voyage d’Ulysse » sont un habile pastiche de l’épopée légendaire. Ce périple nous entraîne donc de l’île de Chios à Delphes, Dodone et Olympie, en passant par Troie, l’Olympe et au-delà du Rhodope – dans ce pays où les hommes ne connaissent pas la rame. Seule l’adoption du jeune Homère par une famille de marchands phéniciens, suivie du mariage avec la jeune fille de la maison, donne lieu à de curieux développements sur le monde méditerranéen, un peu trop téléguidés par le « politiquement correct ».
Dernier trompe‑l’œil, dernier artifice, l’auteur prête à Homère la redécouverte de l’écriture : pour « preuves », des tablettes d’argile exhumées par un prétendu docteur Muratore, une forgerie romanesque rapidement dénoncée. Difficile, après une telle lecture, de se lasser des aventures de l’Homme aux mille tours !
A partir de 12 ans, pour de bons lecteurs déjà familiers de la Grèce antique
Bruno Maurer, Le Dernier Voyage d’Ulysse, Gallimard, 2001, 352 p., 13 €