Encore un livre venu de Scandinavie ! Ce n’est pas une « spécialité », non, juste un vieil atavisme, peut-être, en souvenir de nos demoiselles au pair suédoises… Car nous leur disions « mademoiselle », à nos Tove aux longues jambes.
Notre petit bonhomme de héros est tout fier : « Un jour, à l’école, j’ai appris l’heure. Neuf heures, dix heures, une heure, deux heures. D’habitude, Papa venait me chercher à trois heures. » Et là, pas de Papa, ni de Maman, moins encore de Tove aux longues jambes (normal, elle n’est pas dans l’histoire). Dans ce vide spatio-temporel – dix heures, une heure — va s’inscrire un drame en miniature, toute une histoire où l’affabulation va maintenir l’angoisse à une distance acceptable. L’imagination mais aussi la prise de conscience immédiate d’être le « grand frère » qui doit cacher son inquiétude fondamentale (pour lui, les parents se sont fait écraser par un camion, rien de moins) et « faire comme si » de rien n’était, tout en vaquant aux tâches essentielles : s’abriter, jouer – et même fabriquer une télévision en carton – ça, Robinson n’y avait pas pensé !
Quelle idée aussi ont les adultes de compter les doigts de la main par dix, mais les œufs, les yaourts et… les heures par douze !
Dès 5 ans
Ulf Nilsson, Le jour où nous étions seuls au monde, illustrations d’Eva Eriksson, Coll. Pastel, L’Ecole des loisirs, 2009, 26 p., 11 €