« Il y avait une fois vingt-cinq soldats de plomb. Ils étaient tous frères car ils étaient nés d’une vieille cuiller de plomb. » Or certaines nuits sont magiques : celle du 31 décembre, et celle-là seulement, au moment des traditionnelles étrennes, permet aux jouets de s’animer et de vivre en leur nom les aventures que leurs petits propriétaires ne tarderont pas à imaginer pour eux.
Deux douzaines de ces figurines resteront à l’écart du conte, qui a pour héros le 25e soldat, le dernier-né, celui qui est « mal fini » : faute de plomb, il est unijambiste. Et de qui va-t-il tomber raide amoureux ? D’« une petite demoiselle découpée dans du carton », une danseuse qui virevolte sur une seule jambe – elle aussi. Si près, si loin… Comment faire le premier pas quand vous n’avez qu’une jambe ? Et si la vie se mêle de vous jouer ses mille tours, que d’obstacles sur le chemin : une chute, une averse, un voyage à bord d’un bateau en papier… Jusqu’à l’embrasement final.
Comme tant de contes, celui-ci contient plusieurs « leçons ». Il serait bien superficiel de s’en tenir à un seul regard sur le handicap. Ce petit soldat figé, qui s’interdit de pleurer ou de témoigner ses émotions, touchera aussi les enfants introvertis. Ceux qui, timides à l’excès, n’osent jamais prendre les devants et se consument intérieurement. Il touchera tout autant ceux qui font montre de désinvolture, voire d’irrespect, en « jetant » leurs camarades. La traduction de Régis Boyer, grand spécialiste des mondes nordiques, et les illustrations raffinées de Fred Marcellino donnent à ce conte toute sa dimension onirique.
A partir de 5 ans
Hans Christian Andersen, Le Petit Soldat de plomb, traduction de Régis Boyer, illustrations de Fred Marcellino. Format poche : Gallimard Jeunesse, oct. 2010, 48 p., 4,80 €. Format album : Gallimard Jeunesse, à rechercher.