Quand cette maison, construite en 1656 (la date figure sur le linteau de la porte), décide de raconter le XXe siècle, elle a déjà derrière elle une longue histoire, inscrite dans ce paysage italien, entre champs et forêts, avec son puits et ses terrasses.
C’est une maison poète, qui s’exprime en quatrains joliment traduits. Plutôt « taiseuse », elle se laisse portraiturer au fil des siècles par Roberto Innocenti. Chaque double page fourmille de détails à lire à plusieurs niveaux : histoire des saisons au rythme de la végétation, histoire des familles – naissances, mariages, départs et deuils –, histoire du pays – exode rural, guerres et paix.
On aurait aimé que la maison voie alterner encore longtemps ces cycles naturels. Mais un beau jour de 1973, cette maison restée « sans maîtresse » pense avoir atteint « sa destinée dernière »… En effet, la « restauration » de 1999 est un reflet caricatural et oh combien inquiétant de la société de consommation dans son immédiateté et son égoïsme : il n’y manque ni la piscine, ni le barbecue, ni les nains de jardin !
Suivez aussi « l’histoire » de l’arbre le plus proche, ainsi que celle des enfants, de moins en moins nombreux. Des images à commenter aux enfants, pour donner du sens à tous les détails mais aussi pour les inscrire dans une perspective historique plus vaste.
A partir de 6 ans
J. Patrick Lewis, La Maison, illustrations de Roberto Innocenti, Gallimard, sept. 2010, 62 p., 15,90 €