Qui n’a jamais tremblé aux aventures de cette petite chèvre éprise de liberté ? Qui n’a jamais rêvé de batifoler avec Blanquette dans « les maquis et les buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d’un ravin » ? Et qui n’a pas écrasé une larme en lisant la dernière, l’ultime phrase du conte : « Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea » ?
Les monotypes sur cuivre de Jean-Luc Buquet sont aux couleurs de la Provence, celle des montagnes âpres et sauvages qu’affectionnaient Alphonse Daudet. Les grands aplats, ocres, violets ou gris selon l’heure du jour, mettent parfaitement en scène les soucis de M. Seguin, les galipettes de la chèvre ou l’air étonné des jeunes chamois.
Avec ses caractères originaux parfois noirs, parfois colorés, la typographie rythme la lecture – en la rendant peut-être un peu délicate aux très jeunes lecteurs. Les choix artistiques de l’éditeur, qui œuvre « sans excès de mode ni de conservatisme », offrent aux enfants une belle approche de la gravure contemporaine, dans la grande tradition du livre illustré.
Dès 5 ans
Alphonse Daudet, La Chèvre de monsieur Seguin, illustrations de Jean-Luc Buquet, Éditions Courtes et Longues, sept. 2010, 50 p., 19 €