Le personnage central de ce conte est une jeune fille, Elisa, sur les épaules de laquelle repose le destin de sa fratrie. Et quelle fratrie ! Onze frères, jeunes princes que leur marâtre a transformés en cygnes sauvages. Si le maléfice les contraints à voler le jour, ils retrouvent forme humaine à la nuit tombée. Après moult aventures, la fillette devenue une belle adolescente est à son tour chassée du palais. Elle retrouve ses frères et décide de leur rendre la liberté. Le prix en est tout bonnement exorbitant : elle doit cueillir autant d’orties qu’il en faut pour tisser onze tuniques – et le tout en silence, alors même qu’un roi veut l’épouser !
Jeunes filles qui écoutez ce conte, oserez-vous ronchonner quand il vous faudra aider aux soins du ménage pendant que vos frères découvrent le vaste monde ? Beaucoup plus qu’une leçon de muette persévérance, ce conte laisse entendre que le destin de la lignée est dans les mains des femmes : c’est à elles qu’il appartient de tisser, d’entretenir, voire de réparer les liens familiaux. Quant au cygne, dans les mythologies européennes, il est le symbole de la métamorphose, du passage et la délivrance – donc des épreuves que vit l’adolescent pour devenir adulte.
Ce conte classique a été réécrit ici dans une langue musicale et bien rythmée. Les illustrations très seventies adoucissent les phases les plus cruelles du conte, tout en lui donnant une dimension onirique médiévale bienvenue.
A partir de 8 ans
Hans Christian Andersen, Les Cygnes sauvages, illustrations de Susan Jeffers, Gautier-Languereau, 1981, 37 p. A rechercher.