Delphine et Marinette « avaient peint d’une si grande ardeur que leur façon de voir s’était très vivement imposée à leurs modèles ». Résultat ? L’âne n’a plus que deux pattes, le cheval a rapetissé, quant aux bœufs… Leur double portrait pourrait voisiner avec le « carré blanc sur fond blanc » de Malevitch – mais chut ! Est-ce bien correct de révéler aux enfants ce léger pied de nez au conformisme ? Reste que les petites sont bien émues. Pas tant de la crainte d’être punies pour leur désobéissance, que de la zizanie qu’elles ont semé parmi leurs amis.
Le vétérinaire, appelé par des parents à la rationalité bien assise, n’aura pas le temps de constater les atteintes de cette « maladie de peinture ». Marcel Aymé n’ayant jamais douté des talents diplomatiques de la gent ailée, le canard, pas cancanier pour deux sous, réconcilie bientôt la cour et la basse-cour.
L’histoire ne dit pas si les fillettes ont fait des progrès en peinture, ou si les animaux se sont initiés à l’art abstrait…
Dès 7 ans
Marcel Aymé, Les Boîtes de peinture, un Conte du Chat Perché, illustré par Roland et Claudine Sabatier, Gallimard Jeunesse, Folio Cadet, 2002, 64 p., 6 €